J’ai été choisi par mes frères et mes sœurs pour faire un hommage à notre Père. Comme tout se fait de façon démocratique dans notre famille, ils ont dit : Ça prend un volontaire et ils ont décidé que ça serait moi. En fait il y a eu un vote et tout le monde a voté que ce ne serait pas eux. Comme je n’étais pas là, j’ai remporté le vote. Non, ne vous en faite pas, je fais de l’humour, un trait de caractère hérité de mon Père.
Je me suis demandé qu’est ce que je pouvais vous dire pour bien décrire et vous faire sentir les traits de sa personnalité ?
Je me suis aperçu que ses onze enfants n’avaient pas un seul Père identique pour tous, mais, chaques frères ou sœurs me décrivais un père différent de celui que j’avais connu ou que chacun et chacune avaient connu individuellement. Il y avait donc un Père pour les onze enfants, et aussi onze enfants avec chacun un Père différent.
Mais avant de vous parler de ses particularités, je vais vous parler de ce qui a fait l’unanimité parmi nous.
Lorsqu’il s’est marié avec Blanche Turcot, ce fut vraiment pour LA VIE.
Nous l’avons toujours vu au coté de Maman, bras dessus bras dessous, et… pour ne pas en dire plus, ils ont fait la preuve que l’Amour ca rapporte. Ils étaient très unis et très, très amoureux l’un de l’autre. Je me rappelle les avoir vu marché bras dessus bras dessous, les yeux dans les yeux, comme s’il étaient seuls au monde, et cela tout au long de leur chemin ensemble. Même si dans les dernières années de leur vie commune, Maman était paralysée et avait besoin constamment d’une personne pour l’aider, Papa a toujours été là, cherchant son confort. Je peux vous dire que ce n’était pas sûrement pas facile pour lui, mais ils avaient tous les deux cette flamme dans les yeux … complices et surtout amoureux.
Ils ont été démonstratifs dans leur amour…donnant l’exemple d’un couple unis.
Onze enfants… tout un défi. Papa nous a toujours soutenus et encouragé.
Il aimait tous ses enfants ; de façon différente les uns des autres, mais égal dans l’intensité de l’amour qu’il leur donnait. Ho! Il avait des défauts, mais qui n’en a pas. Vous savez, les enfants ne viennent pas au monde avec un mode d’emploi, ce serait si facile, et si cela était ainsi. Tous seraient heureux, tout le temps…
Moi par exemple, lorsque j’étais petit, j’étais loin d’être un ange, une chance que j’ai changé… Et aujourd’hui j’imagine, comme cela pouvait être difficile pour lui; on avait toujours quelqu’un avec qui comploter pour faire un mauvais coup. C’était les gars contre les filles. Vous connaissez le don inné des gars pour la mécanique, ce qui a valu, lors d’un de nos jeux, tous ensembles dans son auto, que j’enlève le frein a main, comme je l’avais vu si souvent faire, l’entrée était en pente, alors l’auto s’est mise a reculer, a traverser la route pour basculer dans le fossé. Une chance qu’il y avait de très grosses roches et que les pare-chocs étaient solides dans ce temps là. J’ai eu besoin d’un bain avec beaucoup d’eau froide pour refroidir mes petites fesses… Mais ce qui lui a fait si peur c’était qu’un de ses enfants soit blessé.
Les deux dernières semaines passées près de lui, a l’accompagné et attendre, que le bon Dieu vienne le chercher, ho! Comme il avait hâte d’aller retrouver sa Blanche.
Cela ne m’a pas été facile d’être là aussi souvent que je l’aurais voulu. Je comprends et je compatis avec ceux qui ne pouvaient être-la. Je me suis demandé comment mes sœurs faisaient pour être-la du matin au soir, le laissant seul que quelques heures la nuit. Ce matin en y repensant, je crois que c’est l’exemple du dévouement qu’il nous a donné, en prenant soin de Maman jusqu'à la fin, qui lui a été rendu. Il a été près de ma Mère par amour et nous, ses enfants, chacun dans la mesure de ses possibilités et chacun a son rythme, nous lui avons rendu la pareille. En personne ou en pensée nous étions tous la, a lui tenir la main, l’accompagnant vers son destin. Une autre preuve que la parole de Jésus était juste : Ce que vous donnez au plus petit d’entre vous, vous sera rendu au centuple. Ou comme je préfère dire : ce que tu donne dans la vie te sera rendu, mais pas nécessairement par la même personne a qui tu as donné, Dieu se charge de nous le rendre par les chemins les plus inattendus. Il en est de même avec ce que l’on ne donne pas. Lorsqu’on ne donne pas par peur de manquer, l’abondance ne vient pas, que ce soit le Temps, l’Argent ou l’Amour .
J’ai découvert durant cette dernière semaine, un coté de mon père que personne ne connaissait. Si mon père avait un défaut ( et qu’il me pardonne d’en parler aujourd’hui) c’était que, lorsque nous étions avec lui, il nous parlait toujours d’un autre de ses enfants et comme certains me disaient, l’autre, le frère ou la sœur était toujours meilleur que nous. Moi je ne l’écoutais pas dans ces moments et je lui pardonnais ce trait de caractère. Voici la révélation : Lorsqu’il était avec cet autre frère ou cette autre sœur, et bien, le Champion c’était nous! Il parlait de nous comme étant un Exemple parmi ses enfants. Mais, pauvres aveugles que nous sommes, nous n’avons pas vu cela, nous croyons qu’il n’était fier que des autres et pas de nous, alors qu’il était fier de nous tous, nous ses Champions!
Tantôt je vous disais qu’il aimait tous ses enfants, sans conditions. Peut être pas de la manière dont nous l’aurions voulu, je vous disais aussi que les enfants ne viennent pas au monde avec un mode d’emploi. Il a toujours fait le meilleur qu’il pouvait avec les connaissances qu’il avait. Ca c’est important ! Car il a évolué avec les années et il a eu sa part de regrets et maintenant nous lui pardonnons, nous le comprenons. Car a quelque part en dedans de nous, nous sommes comme lui.
Si vous aviez eu la chance de voir quel père extraordinaire il était devenu avant de mourir …
Ma sœur Nicole me disait que mercredi dernier il lui donnait des conseils de vie qui étaient extraordinaire, remplis de sagesse et de lucidité. C’était renversant! Il sentait Sa Mission sur terre accomplie. Nicole me disait : j’espère avoir la sagesse d’appliquer ces leçons dans ma vie.
Papa, je me rappelle ce que tu disais tous les jours à Maman, que tu l’aimais, même après sa mort tu n’auras pas cessé de l’aimer et de le dire, tu voyais en nous le prolongement de ton amour avec Blanche. Aujourd’hui, tu es avec Maman, dis-lui bonjour et embrasse la pour nous.
Papa, par gêne ou par pudeur tu ne nous disais pas que tu nous aimais. Tu me disais toujours : un gars ca ne pleure pas! Pas moi Papa! Papa ton Champion n’était pas toujours celui que nous souhaitions au moment ou nous le souhaitions.
Papa, tu as été un père Extraordinaire. Tu nous as donné des leçons de vie extraordinaires.
Papa, Tu es mon Champion. Tu es notre Champion.
Même si ce n’est ni le lieu ni la circonstance, je vous demande d’oublier les conventions et d’applaudir tous ensembles notre Champion pour lui montrer, Une Dernière Fois qu’On l’Aime.
PAPA TU ES MON CHAMPION
Pour toi Papa.